La conception de machines-outils était le cœur de métier de Pierre Bézier (1910-1999), ingénieur de talent formé aux Arts et Métiers, dont la carrière jalonnée d’expériences en usinage, électronique, soudure, électricité, entre autres, fut couronnée par l’obtention d’un doctorat en mathématiques à l’aube de ses soixante-dix printemps. Un parcours peu banal, à l’image du personnage, non conformiste et débordant d’inventivité, dont les innovations suscitèrent à son époque souvent plus la crainte que l’enthousiasme.
Les travaux de Pierre Bézier ont largement contribué à l’automatisation de la production en France, avec par exemple la mise au point de « machines transfert électromécaniques » chez Renault pour la fabrication des 4CV dans les années 1950, ou encore l’invention de l’une des premières machines à commande numérique, une fraiseuse utilisée pour la réalisation de maquettes. L’ingénieur est reconnu au niveau mondial comme père de l’informatique industrielle, avec des méthodes nouvelles qui donnèrent naissance à la CFAO, la conception et fabrication assistées par ordinateur. Les « courbes de Bézier » sont des formules qui ont révolutionné la production mécanique comme elles ont « redessiné » le monde virtuel.
S’il est méconnu du grand public, Pierre Bézier reste célèbre auprès des ingénieurs des arts mécaniques et des informaticiens, et de nombre de techniciens et de scientifiques. La liste impressionnante des contributeurs à l’ouvrage Le monde du génie industriel au XXe siècle : autour de Pierre Bézier et des machines-outils en constitue une preuve en même temps qu’un hommage. D’Osaka, de Prague, de Londres, de Paris, d’Athènes, de Copenhague ou de Cleveland, les auteurs ont tous travaillé dans le sens d’une meilleure connaissance des travaux de Pierre Bézier en les replaçant dans leur contexte historique, celui d’un formidable bouleversement industriel international.
