L’anthropotechnologie se propose d’étudier et d’améliorer les conditions de travail et de vie des populations, en intégrant le facteur humain à la conception des produits et des technologies. Elle veut tenir compte des habitudes et du contexte de vie des personnes à qui ces derniers sont destinés, pour les imaginer et les réaliser de la manière la plus adaptée possible.
Cette prise en compte des dimensions humaines et sociales dans la conception technologique fait peu à peu son chemin depuis trente ans. Promue discipline scientifique à part entière, l’anthropotechnologie entre à la Haute Ecole Arc en 2007, où l’ethnologue Philippe Geslin crée le premier laboratoire de recherche à lui être consacré ; c’est aujourd’hui le groupe de compétences Conception de produits centrée utilisateurs, dirigé par Carole Baudin, spécialiste en ergonomie. L’anthropotechnologie s’est par ailleurs imposée dans les maquettes pédagogiques de l’école, où tous les étudiants de la filière Industrial Design Engineering bénéficient aujourd’hui de ses enseignements.
Véritable artisan du développement de la discipline à la Haute Ecole Arc, Philippe Geslin relate dans l’ouvrage L’anthropotechnologie, cultures et conception, la philosophie et l’évolution d’un domaine qui s’est d’abord tourné vers les pays en voie de développement, où la distance entre population et technologie est la plus marquée, avant de s’intéresser au monde de l’entreprise. Différents exemples applicatifs illustrent sa manière de procéder, de la gestion de ressources en eau à la transmission de pratiques horlogères, en passant par la mise au point de prothèses de jambe, montrant que l’anthropotechnologie peut se décliner pour les besoins d’une ONG comme ceux d’une PME. Philippe Geslin estime d’ailleurs qu’elle sera un atout majeur pour accompagner l’industrie du futur et ses bouleversements.
Geslin P. (sous la direction de), L’anthropotechnologie, cultures et conception, vol.1, Éditions ISTE, 2017
