Université de Franche-Comté

La logistique humanitaire a besoin de la recherche

Aide humanitaire

Une thèse menée à l’université de Neuchâtel sur la logistique humanitaire montre qu’en ce domaine, la recherche scientifique a encore beaucoup à explorer.

C’est muni d’une solide expérience de terrain que Nathan Kunz décide de consacrer sa thèse de doctorat à la logistique humanitaire. Six ans d’activités comme responsable des opérations d’une ONG lui donnent envie de confronter ses observations à celles de la recherche académique.

L’analyse de 174 articles scientifiques lui révèle que les sujets étudiés ne s’attachent qu’à une partie de la réalité, voire ignorent des aspects pourtant essentiels de la logistique humanitaire. Ainsi, la littérature ne consacre que 5 % de son analyse à la dynamique créée autour des tragédies dites « à cause humaine » comme les guerres civiles, alors que ces dernières représentent 97 % des interventions assurées par une ONG telle que Médecins Sans Frontières.

De la même façon, les recherches se concentrent sur la réponse donnée à une situation d’urgence et s’intéressent moins à la phase de reconstruction débutant trois à six mois après la survenue d’une catastrophe. « Pourtant cette étape mérite d’être étudiée, car des erreurs sont parfois commises qui peuvent anéantir les efforts fournis dans l’urgence », explique Nathan Kunz. Le jeune docteur raconte comment une économie locale peut être mise en péril par la présence sur le marché d’excédents alimentaires ou d’objets du quotidien, lorsqu’ils continuent à être fournis gratuitement sur le long terme. L’aide humanitaire doit donc s’adapter dans la durée et tenir compte des spécificités économiques du pays comme de son contexte politique, un aspect là encore largement passé sous silence.

Pourtant les décisions gouvernementales ont une influence décisive sur le terrain dès qu’il s’agit d’imposer des barrières douanières, de refuser d’accorder des visas aux travailleurs humanitaires ou de bloquer l’entrée de médicaments non reconnus dans le pays. Fragiles en termes de légitimité, certains États refusent toute intrusion extérieure de crainte de voir leur régime menacé.

L’étude et les conclusions de Nathan Kunz connaissent déjà un large écho dans la sphère de l’aide humanitaire et valent par ailleurs au jeune chercheur le prix Outstanding Paper Awards 2013 pour son article publié en 2012 dans Journal of Humanitarian Logistics and Supply Chain Management.

Contact : Nathan Kunz 

Institut de l’entreprise

Université de Neuchâtel 

Tél. (0041/0) 32 718 13 60

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