Université de Franche-Comté

Jeux olympiques sous haute surveillance

Le spectre du 11 septembre explique pour une grande part l’importance croissante accordée à la sécurité et à la surveillance des grands événements sportifs. Moyens humains et technologiques, la ligne « sécurité » des budgets explose, comme à Londres où la somme colossale de 1,7 milliard de dollars américains est investie pour assurer le bon déroulement des Jeux olympiques. Pour l’Euro 2012, les policiers polonais ont collaboré avec leurs homologues d’une vingtaine d’autres pays, et l’armée ukrainienne a mis à disposition sa logistique pour la sécurisation du ciel…

 

JO de Vancouver, de Pékin, Coupe du monde de football 2006 en Allemagne, Euro 2008 en Suisse et en Autriche… Francisco Klauser, enseignant-chercheur en géographie à l’université de Neuchâtel, analyse les formes de surveillance de ces manifestations gigantesques et leur pertinence. « Même si certains contextes politiques ou des configurations urbaines particulières impliquent des mesures spécifiques, la gestion de la foule, parfois comptée en centaines de milliers de spectateurs, est l’enjeu commun. » Des moyens technologiques de premier plan sont désormais mis en œuvre, dont l’Euro 2008 est un exemple parlant. En Suisse, des drones, en général utilisés pour la surveillance des routes et des frontières, ont investi l’espace public urbain ; un relevé des empreintes digitales des supporters a été établi sur place, en liaison avec les fichiers de Hooligans de sinistre réputation. Sur l’ensemble des sites, 45 000 dossiers de personnels embauchés par les organisateurs et les sociétés de surveillance ont été épluchés en coulisses. Mais si de tels dispositifs ont permis de repérer quelques individus louches, l’Euro 2008 a démontré qu’ils présentaient un intérêt somme toute relatif. « Drones et relevés des empreintes digitales font partie des moyens déployés en Suisse, mais pas en Autriche. Pour autant tout s’est bien passé sur l’un comme l’autre des deux sites ! » témoigne Francisco Klauser.

 

Mais si les organisateurs veulent tendre vers la sécurité optimale, visant le pickpocket comme le terroriste, c’est aussi parce que l’enjeu dépasse le cadre strict de la manifestation. Un problème, relayé voire amplifié par des médias focalisés sur l’événement, peut très vite faire perdre toute crédibilité et générer des conséquences économiques désastreuses pour la ville ou le pays organisateur, d’autant plus s’ils doivent faire leurs preuves. Et passée la fête, que reste-t-il des installations ? Sous prétexte de rentabilité, les autorités laissent parfois en place et entrer dans le quotidien des dispositifs jugés indésirables en dehors du cadre exceptionnel pour lequel ils ont été prévus. « Pour finir, conclut Francisco Klauser, les gens n’y pensent plus et ne savent pas en définitive ce qui subsiste de cette surveillance dans leur ville. »

 

 

Stade olympique

 

 

Contact : Francisco Klauser

Institut de géographie

Université de Neuchâtel

Tél. (0041/0) 32 718 16 79

 

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