C’est une première pour l’UTBM et une première mondiale pour le domaine du transport intelligent : l’université de technologie comtoise a présenté trois voitures autonomes, roulant ensemble et se croisant sur un même circuit selon les seules règles du géopositionnement et de la télécommunication sans fil. C’était à Bordeaux en octobre dernier.
Sans les mains, et sans capteurs non plus : les véhicules autonomes présentés par l’UTBM au Congrès international du véhicule intelligent de Bordeaux gèrent leur parcours grâce aux technologies de la communication sans fil et du géopositionnement. Sur un circuit traditionnel en forme de 8, ils se croisent, s’évitent, bref s’organisent pour traverser l’intersection sans casse. Aucun ne possède d’information préalable sur l’autre. Le calcul de leur positionnement par GPS est continu et la communication sans fil les guide en permanence.
Abdeljalil Abbas-Turki est informaticien et travaille à mettre au point les algorithmes qui rendent autonomes les voitures de l’écurie UTBM. Si plusieurs scénarios se dessinent sur les écrans de son ordinateur, tous servent le même objectif : supprimer l’attente aux carrefours et rendre la circulation fluide d’un bout à l’autre d’un trajet, en toute sécurité.
Pour mener sa recherche depuis dix ans sur le sujet, Abdeljalil Abbas-Turki connaît bien la situation du trafic routier. « Évaluer la capacité d’une route avec une intersection est assez facile, cela se complique si l’on considère un réseau de routes qui se croisent. » La différence est a priori impressionnante.
Les scénarios proposés pour réduire l’attente aux carrefours entrent dans un concept de « régulation coopérative d’intersection », qui s’affranchit des règles du code de la route et se joue de la signalisation actuelle, puisqu’il prévoit de supprimer les feux de circulation. L’idée est de considérer les véhicules de manière individuelle plutôt que faisant partie d’un flux, de leur accorder la priorité plutôt qu’à une voie comme c’est le cas aujourd’hui, enfin de réguler le trafic selon la situation vécue en temps réel et non plus d’après un historique de fréquentation moyenne, dont est obligé de s’inspirer le fonctionnement des feux.
photo ©UTBM
On peut alors imaginer déterminer dans quel ordre les véhicules passeraient à une intersection, ou encore comment synchroniser leur vitesse pour limiter le temps perdu en démarrages et redémarrages. Éviter les situations d’interblocage provoquant d’insupportables bouchons deviendrait possible, grâce à de nouvelles règles évitant de se bloquer mutuellement et des systèmes de « réservation de la route » pour organiser le flux des véhicules. Là où le bon sens nous incite parfois à différer un départ, l’automatisation fait plus fort… Encore loin d’être appliquée à la circulation urbaine, la régulation coopérative aux intersections trouve des applications dans le milieu industriel comme les aéroports, les entrepôts industriels, les plateformes multimodales de marchandises…
La démonstration des véhicules autonomes de l’UTBM a été remarquable et remarquée à la manifestation mondiale la plus courue du domaine, réunissant cette année à Bordeaux 3 500 congressistes, 300 exposants et 10 000 visiteurs venant de 100 pays. Elle intervient dans le cadre du projet PV PAC, Plateforme de véhicules propres, autonomes et coopératifs, porté par l’UTBM en partenariat avec le Pôle Véhicule du Futur, et financièrement soutenu par la Région Franche-Comté.
