Université de Franche-Comté

Horlogerie, la passion à haute complication

L’histoire séculaire et mouvementée de l’horlogerie marque de son sceau les deux versants de l’Arc jurassien. Jalonnant de repères solides et de pratiques éprouvées un territoire commun, traversé de routes qui sans cesse se croisent et se séparent.

Aujourd’hui, malgré un inégal développement, l’un et l’autre montrent que la passion demeure intacte. Des entreprises fleurissent dans les pâturages suisses et d’autres renaissent à Besançon, de nouvelles formations stimulent les compétences.

Éclairages récents sur une mécanique complexe…



  

 


SOMMAIRE

Maîtres horlogers… ou maîtres de l'horlogerie ?

Rebondissements de l'histoire

Swiss made à partager

L'irrésistible ascension de la montre mécanique

Le marché chnois, aujourd'hui comme hier

La formation suit le mouvement


  

 

Maîtres horlogers… ou maîtres de l’horlogerie ?

Dès les années 1920, l’horlogerie suisse bénéficie de fantastiques mesures de protection, tant privées que publiques, qui vont régir ce pan de l’économie sur plusieurs décennies et ont encore des répercussions aujourd’hui. Dans la thèse d’histoire qu’il soutient à l’université de Neuchâtel en 2012 1, Johann Boillat démêle une situation complexe à souhait et obtient les noms des « véritables maîtres du temps », sans qui l’horlogerie suisse ne serait pas ce qu’elle est.

Il montre comment le cartel horloger, liant des intérêts industriels privés, soutenu par l’État, a sauvé l’horlogerie suisse en même temps qu’il imposait une loi inflexible aux marchés mondiaux. Il ne faut pas chercher les grands noms de l’horlogerie suisse dans ce cartel, principalement composé de PME. « Rolex, Chopard, Piaget, Jaeger-LeCoultre…, aucune
de ces célèbres enseignes ne joue un rôle déterminant dans le destin de l’industrie horlogère suisse. Les véritables maîtres du temps s’appellent A. Schild SA, Cortébert Watch, Eterna, Girard-Perregaux, Recta, La Champagne, Longines, Omega, Ulysse Nardin ou encore Zénith », rapporte le jeune chercheur.

Souvent méconnue mais néanmoins redoutable, la récession des années 1920 est à l’origine de la création de cette entente privée. Avec un pouvoir renforcé entre 1924 et 1951, le cartel impose ses normes techniques, exerce son contrôle sur les prix et les volumes de production, et coupe les approvisionnements à ses clients étrangers, qui, de la proche Franche-Comté au lointain Japon, sont les victimes d’une véritable « boucherie économique ».

Confronté à l’explosion du chômage et aux tensions sociales inhérentes à deux crises successives, l’État impose dans les années 1930 le « statut horloger », des mesures publiques visant la protection de son fleuron industriel. Et en ce sens assoit l’autorité du cartel.

La loi impose à chaque entreprise horlogère un permis d’exportation, bientôt suivi par un permis de fabrication, qui fixe les grilles d’horaires comme le niveau des salaires, les taux d’escompte comme les délais de livraison, faisant parler Laurent Tissot, spécialiste de l’histoire de l’horlogerie à l’université de Neuchâtel, de « bolchevisme libéral ».

Fédération horlogère suisse, Zuriche, 13/07/1939

La Fédération horlogère suisse, Zurich, 13 juillet 1939

Le statut légal est abandonné dans les années 1970, mais l’État continue à assurer la protection de l’industrie horlogère en créant le Swiss made, un label de qualité imposant à un produit fini une origine suisse pour 50 % de sa valeur.

« On passe d’un paradis de protection juridique avec le statut légal à un paradis de promotion avec le Swiss made », souligne Johann Boillat. Un concept largement repris par les marques dans leurs stratégies marketing, et qui fait actuellement l’objet de vifs débats. Quant au cartel, soumis à des tensions internes et au désengagement de la Confédération sous la pression internationale, son démantèlement intervient progressivement après la seconde guerre mondiale. Mais l’histoire se poursuit…

1 Boillat J., Les véritables maîtres du temps, le cartel horloger suisse (1919 – 1941), éditions Alphil, parution octobre 2013

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Rebondissements de l’histoire

Chocs pétroliers, inflation, libéralisation des marchés et surtout performance des méthodes de production industrielle japonaise et américaine… dans un contexte où se mêlent les influences de différents paramètres, l’avènement du quartz reste celui que la culture collective retient le plus volontiers pour expliquer la chute de l’horlogerie suisse dans les années 1970. Ironie du sort, ce sont d’ailleurs les Suisses qui, les premiers, sortent un prototype de montre quartz… « L’effectif horloger fond des deux tiers en Suisse, passant de 90 000 en 1973 à tout juste 30 000 en 1987 », raconte Francesco Garufo, historien à l’université de Neuchâtel.

C’est une petite montre plastique révolutionnaire, la Swatch, et derrière elle le groupe horloger du même nom, qui la sauvent du gouffre. Directement issu du cartel horloger dont il hérite de nombreuses entreprises et marques, le Swatch Group SA fabrique actuellement 90 % des mouvements produits dans le monde. Si l’on peut penser qu’il a sauvé l’industrie horlogère suisse comme le cartel avant lui, il tombe aujourd’hui, comme lui, sous le coup des lois antitrust.

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Swiss made à partager

41 000 Francs-Comtois traversent chaque jour la frontière, faisant de la Suisse romande le premier employeur de la région comtoise 2.

Dans l’horlogerie, la main d’œuvre frontalière étrangère représente un tiers des effectifs, une valeur ajoutée indéniable à la production voisine. C’est là l’une des pièces maîtresses du puzzle franco-suisse. Pratiques industrielles, histoire, proximité géographique, formation…, bien des éléments s’assemblent pour que Hervé Munz, ethnologue à l’université de Neuchâtel, considère que « c’est bien l’Arc jurassien en tant qu’espace transfrontalier qui constitue l’Arc horloger. »

Pour Alexandre Moine, géographe au laboratoire ThéMA de l’université de Franche-Comté, l’imbrication entre les deux versants du Jura est telle qu’elle donne à espérer une extension de la notion de Swiss made à la partie française du territoire horloger, sans autre forme de respect pour une frontière ici dénuée de sens. « La ligne Morteau, Villers-le-Lac, Le Locle, La Chaux de Fonds est un espace transfrontalier en voie d’intégration, et c’est le seul de tout l’Arc jurassien. » Même s’il témoigne de quelques discontinuités paysagères, il représente une « tache urbaine » fonctionnellement continue et animée de systèmes productifs locaux liés entre eux. Obligées ou voulues, leurs relations sont tour à tour portées par l’esprit de collaboration et une nécessaire émulation, résumées sous le terme de « coopétition ». Sur le plan politique, des initiatives voient le jour, notamment pour aider la mobilité. Les transports sont repensés autour du ferroviaire, du covoiturage et de liaisons bus. Poussant plus avant la réflexion, l’étude Moretradone, menée par des chercheurs en géographie bisontins et neuchâtelois, montre l’importance de mettre en adéquation les plans d’urbanisme français et les plans directeurs cantonaux suisses pour assurer une évolution intelligente et concertée des territoires.

2 Chiffres 2012, Observatoire statistique transfrontalier de l’Arc jurassien (OSTAJ)


Tableau de Gustave Jeanneret "Ouvriers et ouvrières horlogers

Ouvriers et ouvrières horlogers, de Gustave Jeanneret, esquisse pour la décoration de la
salle du Grand Conseil à Neuchâtel, vers 1911. Musée d’art et d’histoire de Neuchâtel

 

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L’horlogerie suisse, creuset de population

La croissance de l’activité horlogère suisse nécessite très tôt de faire appel à la main d’œuvre étrangère. Dès après la deuxième guerre mondiale, les « petites mains » italiennes viennent renforcer la main d’œuvre suisse, pour une grande part déjà féminine, comme le souligne Francesco Garufo dans la thèse qu’il consacre à l’immigration dans l’industrie horlogère suisse. L’immigration est très réglementée pour garantir la paix sociale en Suisse, et les travailleuses sont maintenues dans des emplois peu qualifiés pour éviter tout transfert technologique vers un autre pays. En revanche, le bouche à oreille fonctionne parfaitement en matière de recrutement. C’est ainsi que cent cinquante personnes sur les trois cents que compte à l’époque le petit village de Roncola dans la province de Bergame s’établissent dans l’Arc jurassien !

Dans les années 1960, le recours massif aux frontaliers français s’avère un moyen de ne pas peser sur les infrastructures locales et d’éviter la crise du logement. Les Français sont, quant à eux, fortement motivés par la qualité du travail dans l’horlogerie suisse alors que le déclin du secteur est amorcé de l’autre côté de la frontière, et par des conditions de travail alléchantes et des salaires intéressants.

« La Suisse est en position de force par rapport à la France et l’argument financier, à une époque où le taux de change ne présente pas encore d’avantages, n’est pas le plus décisif. »


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L’irrésistible ascension de la montre mécanique

Le début du XXIe siècle marque un véritable âge d’or pour l’horlogerie suisse. Pourtant terrassée par le quartz plus précis, moins cher et plus facile à produire, la montre mécanique se relève et affirme avec force son identité et sa puissance. En dix ans, ses ventes en valeur ont doublé et atteignent aujourd’hui des records. La montre mécanique a dopé le revenu moyen d’une montre suisse à l’exportation, affichant plus de 730 dollars en 2011, contre 260 dollars pour sa voisine française et 5,4 dollars pour une montre chinoise. Le réveil s’opère en Europe puis gagne peu à peu les États-Unis dans les années 1990, avant d’exploser sur les marchés asiatiques au cours de la décennie suivante.

Graphique des ventes de montres suisses

Évolution des ventes de montres suisses en billions de CHF

Malgré toute sa valeur, la haute technicité d’une montre mécanique ne peut à elle seule expliquer cet engouement. La recette suisse s’ancre en grande partie dans des pratiques de recréation du passé horloger. La « tradition », que s’appliquent à faire vivre de grandes marques horlogères à travers les mises en scène de leur histoire et de leur savoir-faire séculaires, « est en réalité une notion dont l’usage est récent, qui n’a été inventé qu’à partir du moment où l’industrie suisse a fait du passé un modèle de pratique et de son ancrage temporel un label distinctif capable de la revaloriser sur l’échiquier mondial », explique Hervé Munz. Le « patrimoine », après avoir été un bien commun et l’apanage des musées publics jusqu’à la fin des années 1970, est capté par le secteur privé. Les collectivités territoriales et les organisations touristiques s’en emparent également, dès la seconde partie des années 1990, avec la création de la Route de l’horlogerie en Suisse en 1997 ou des initiatives transfrontalières comme la Ligne des horlogers née en 2006.

Sociologue à l’université de Neuchâtel, Hugues Jeannerat montre comment des concepts culturels et symboliques comme l’authenticité cristallisent les attentes sociales.

« L’authenticité permet de se distinguer, de se montrer différent des autres. » C’est l’idée du « vrai luxe », qui assure le succès des séries limitées, incite les marques à investir dans des chaînes de production coûteuses prouvant qu’elles sont de vraies marques horlogères, pousse les marques de luxe françaises à s’implanter dans l’Arc jurassien suisse. « C’est une valeur qui porte le reste, y compris l’innovation technologique, et elle doit se justifier en permanence. » Comme autant de porte-voix, les médias et divers événements créent et diffusent son contenu : implantation de magasins monomarques, visite d’entreprises à des clients étrangers privilégiés, présence sur certaines places internationales du luxe, de la mode ou du tourisme… « La conception de la compétitivité locale a radicalement changé. »

On observe aussi ce glissement à l’Observatoire de Besançon. François Meyer et Joël Petetin sont tous deux associés dans l’activité chronométrique bisontine, relancée en 2008 à la demande d’horlogers soucieux d’apporter une caution technique à leur production. « La précision est un élément de preuve de la valeur et de l’authenticité d’une montre ».

On est ici dans le luxe horloger bien sûr, mais surtout on entre dans le créneau de la création, de l’inventivité, dont se prévalent les artisans horlogers des deux côtés de la frontière. « Certains modèles, édités à quelques exemplaires seulement, voire uniques, fabriqués par des artisans et certifiés par l’Observatoire, font le bonheur des passionnés. » Un discours dont les échos résonnent jusqu’en Chine ou en Inde…

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Le marché chinois, aujourd’hui comme hier

Commercer avec la Chine semble très innovant pour le XVIIIe siècle, pourtant lorsque les Jaquet Droz père et fils y exportent leurs prestigieux produits horlogers dans les années 1780, les relations occidentales avec l’Empire du Milieu sont en réalité à leur apogée.

En matière d’horlogerie, il s’agit aussi d’être au bon endroit, et à cette époque, London is the place to be ! La présence de l’entreprise chaux-de-fonnière dans la capitale anglaise lui permettra, via des marchands établis à Londres et la Compagnie des Indes orientales, d’accéder à un marché — déjà ! — avide de produits de luxe, où elle écoule les trois quarts de sa production.

Sandrine Girardier, dans la thèse en histoire qu’elle prépare à l’université de Neuchâtel, raconte les montres parées d’or et d’émaux colorés, la finesse de l’exécution artistique, les chefs d’œuvre de mécanique que sont les horloges et les automates. « L’ensemble exerce une extraordinaire fascination sur les Chinois, bien plus que la fonction de garde-temps qui finalement les intéresse peu. »

Montre à sonnerie - Collection Musée international d'horlogerie de la Chaux de Fonds

Montre à sonnerie en or, émail et laiton doré.

Mouvement signé Jaquet Droz London, vers 1780.

Collection du Musée international d’horlogerie, La Chaux-de-Fonds

Si peu de documents d’époque sont parvenus jusqu’à nous pour expliquer comment les fabricants pouvaient connaître les attentes de leurs clients, il est certain que le goût des Chinois était bien pris en considération, comme le laisse entendre cet extrait de la lettre de Jean-Frédéric Leschot, collaborateur des Jaquet Droz, à son associé Henri Maillardet le 5 mai 1792 (l’orthographe est d’époque) : « En me donnant précisément La notte de ce que vous voudréz, ou en émail uni avec Bordures et rosettes, ou en émail avec des peintures à Sujet, ou en émail avec fleurons arabesques, Je me conformerai à ce que vous estimérés le plus convenable à remplir vos vues ou vos besoins. »

[Bibliothèque publique et universitaire de Genève, Ms. suppl. 961]

Plus de deux siècles après l’exemple de cette aventure commerciale, relativement bien documentée mais nullement unique, adopter une stratégie d’adaptation semble un conseil toujours pertinent pour conquérir avec succès le marché chinois. Dans une recherche en économie conduite sur le terrain pour l’université de Neuchâtel, Nicolas Hanssens montre comment, malgré un discours académique et industriel prônant la théorie du marketing global dans le domaine du luxe, de grandes enseignes horlogères suisses se sont en réalité imposées en Chine grâce à la prise en considération des particularités du marché.

Même célèbres, certaines marques ont choisi de décliner leur identité sous forme d’idéogrammes en mandarin, phonétiquement proches mais à la consonance chinoise beaucoup mieux perçue. D’autres en profitent pour donner un sens nouveau à leur nom et diffuser un message porteur.

La connaissance des valeurs et des codes chinois permet d’éviter certains pièges, comme les campagnes de publicité fondées sur les concepts du luxe et du sport, une association encore à ce jour relativement mal vue en Chine. « Un milliardaire chinois m’a fait comprendre que le sport évoque le phénomène de transpiration, qui lui-même renvoie à une image de pauvreté, et ne saurait s’allier à un concept de luxe ! », raconte Nicolas Hanssens. Les stars hollywoodiennes ne font pas non plus toujours recette, même auprès d’une population avisée et largement ouverte à l’influence occidentale, qui se reconnaît davantage dans des ambassadeurs locaux, bien identifiés à un standard de vie. Une référence d’autant plus importante qu’une montre est un objet de choix pour afficher en toute circonstance son appartenance à un rang social, un principe fondamental en Chine.

« La dimension ostentatoire est ici plus prégnante que partout ailleurs. » Ce paramètre et d’autres avec lui fondent la spécificité des marchés, dont la Chine n’apparaît pas le moins complexe vu d’Europe.

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Nom : Montre mécanique ; signe particulier : Chronomètre

Seuls trois établissements au monde sont habilités à donner le titre de chronomètre à une montre mécanique selon la norme internationale ISO 3159 : le COSC (Contrôle officiel suisse des chronomètres) de Genève, l’Observatoire de Glashütte en Allemagne et l’Observatoire de Besançon. Pour prétendre au titre, la montre peut seulement indiquer les heures, les minutes et les secondes, fonctions de base se complétant d’éventuelles et multiples complications. L’exigence, c’est la précision. Le service chronométrique de l’Observatoire de Besançon contrôle et certifie exclusivement des montres emboîtées.

Symbole de l’excellence horlogère à Besançon depuis 1897, le poinçon à tête de vipère est apposé sur le mouvement avant la fermeture de la boîte. Lorsqu’elle satisfait aux tests individuels qu’elle a à subir pendant seize jours consécutifs, la montre peut partir en toute fiabilité chez le client qui l’a commandée. Pour être emblématique, le poinçon n’en demeure pas moins optionnel. C’est le bulletin de marche délivré au terme des épreuves qui est le garant de la technicité de la montre, désormais élevée au prestigieux rang de chronomètre.

Parallèlement à ce renouveau et avec une cohérence exemplaire, le concours international de chronométrie est relancé en 2009. Inspiré par les concours qui, au XIXe siècle, ont accompagné les activités de chronométrie des organismes certificateurs, il se donne une vocation internationale en associant COSC et Observatoire de Besançon dans le processus de contrôle, et en s’ouvrant petit à petit aux fabricants d’un nombre croissant de pays. La participation des marques témoigne sans conteste de l’engouement de « ceux qui sont à la pointe de la technicité » pour reprendre les mots de Joël Petetin. Pour les lauréats, « cette distinction est l’expression concrète de l’excellence d’une entreprise » renchérit François Meyer.

 

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La formation suit le mouvement

Sur ces aspects commerciaux comme d’un point de vue technique, les formations d’aujourd’hui ont bien des défis à relever.

Si la dimension horlogère s’intègre à des degrés divers depuis plus d’un siècle à son enseignement, l’actuelle ENSMM, issue du Laboratoire de chronométrie né en 1902 à Besançon, suscite en tout cas toujours de véritables vocations. Ainsi, 20 % des ingénieurs qu’elle forme travaillent dans le domaine de l’horlogerie ; nombre de stages s’effectuent en troisième année chez les plus grands fabricants suisses ; enfin, les élèves-ingénieurs de la première promotion de la formation Microtechniques et design ont quasiment tous choisi de passer leurs trois années d’apprentissage au sein d’une entreprise française liée de près ou de loin à l’horlogerie. Et où ils sont désormais pour la plupart embauchés, leur diplôme tout neuf en poche. Avec le luxe et la précision pour credo, l’apport scientifique d’une telle formation peut se décliner à des domaines comme la maroquinerie ou la lunetterie, et en matière d’horlogerie, le solide bagage de l’ingénieur saura compléter le savoir et la pratique de l’horloger.

Romain Jamault est convaincu que cette formation dont il est responsable peut répondre aux besoins de l’horlogerie d’aujourd’hui : « un regard neuf, des compétences nouvelles, l’optimisation des ressources en matériaux, des techniques de fabrication ou encore de la gestion de production. »

Montre réalisée à l'ENSMM de Besançon

Montre réalisée à l’ENSMM

Une philosophie prévalant aussi à la Haute Ecole Arc. Le bachelor en ingénierie horlogère qu’elle délivre considère la conception des mouvements électroniques, mécaniques et autres complications, ainsi que les procédés de fabrication, en vue de la rationalisation de la production.

« Le bachelor en ingénierie horlogère n’a réellement pris son essor qu’en 2010, le traumatisme laissé par la crise des années 1970 ayant constitué un véritable frein à la relance d’une formation de haut niveau », explique Olivier Duvanel, responsable de la filière Microtechniques à la Haute Ecole Arc Ingénierie.

Les formations d’horlogers et horlogers-rhabilleurs ne semblent, elles, plus exactement adaptées à la réalité. « On demande le plus souvent aujourd’hui aux horlogers de prendre en charge une étape seulement de l’assemblage, et non plus celui d’une montre complète comme par le passé ».

L’ethnologue Hervé Munz remarque en parallèle une tendance aux formations raccourcies, correspondant davantage aux besoins du luxe industriel. « Les marques n’ont jamais autant valorisé les métiers « hautement qualifiés » et la transmission du savoir-faire, alors qu’elles emploient de nombreux opérateurs, souvent formés sur le tas.

De plus, même s’il est en progression, l’apprentissage en alternance école / entreprise est peu développé dans l’horlogerie suisse, et de manière générale, les entreprises s’investissent peu dans la formation. »

Les compétences des « horlogers complets » gardent cependant une importance spécifique pour la réparation de modèles anciens ou la fabrication et l’entretien de pièces prestigieuses.

Ainsi, les premiers services effectués sur les montres mécaniques à grandes complications, vendues en grand nombre ces dix dernières années, demanderont l’intervention de spécialistes chevronnés. Une main d’œuvre dont les « gens de métier » et les enseignants en horlogerie s’inquiètent qu’elle fasse prochainement défaut.

Des initiatives comme celle prise par la Chambre de commerce et d’industrie du Doubs souhaitent répondre à cette évolution du marché dans les années à venir, avec le projet de création à Besançon dès la rentrée 2014 d’une formation spécifique d’horlogers de service après-vente qui, certifiée par un double diplôme franco-suisse, pourrait s’inscrire dans un développement économique local complémentaire à l’activité suisse.

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Savoir-faire… mais savoir se vendre ?

Si le savoir-faire horloger bénéficie d’une réputation d’excellence, il n’en reste pas moins qu’il souffre d’un manque de communication et doit faire ses preuves dans un contexte extrêmement concurrentiel et changeant. C’est partant de ces constats que s’est créé l’Institut du marketing horloger à la Haute Ecole de gestion Arc en 2010. Unique en son genre, résolument tourné vers les attentes des nombreuses PME du secteur, il propose un Certificate of Advanced Studies (CAS) en marketing horloger, une formation inédite en neuf mois et quatre modules fondée sur l’enseignement de principes marketing comme sur les pratiques professionnelles les plus récentes. L’Institut propose également des cours sur mesure, adaptés aux besoins des entreprises et des associations professionnelles.

En corrélation complète avec ses objectifs, il développe des stratégies spécifiques aux sous-traitants de l’horlogerie. Des fournisseurs de composants aux fabricants de machines en passant par les concepteurs de produits complémentaires comme les écrins, ce vaste domaine mérite une attention plus soutenue en matière de marketing. « Une base de données de quatre cents entreprises réparties sur l’ensemble de l’Arc jurassien et questionnées sur leurs pratiques est en cours de construction, explique François Courvoisier, doyen de l’Institut. Ce travail servira de base pour élaborer des préconisations en termes de management, et donnera des pistes de recherche pour le futur. »

 

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Respecter la mémoire de l’horlogerie

Faire raconter son histoire à une horloge monumentale de 1773… l’entreprise a accaparé l’énergie des étudiants de master en conservation-restauration de la Haute Ecole Arc pendant six mois.

Horloge monumentale d'Henri Golay - Musée du Château de Morges

Horloge monumentale de 1773 restaurée à la Haute Ecole Arc

Étude historique, détermination de la composition des matériaux par fluorescence X, identification et datation des éléments ajoutés, nettoyage des engrenages… l’objet est passé au crible pour faire comprendre son mécanisme et retrouver sa fonctionnalité. Il ne s’agit pas ici de lui redonner un aspect neuf mais de le placer dans son contexte d’utilisation, et pour ce faire, de conserver les traces de ce qu’il a été. « L’idée qui guide toute notre intervention est la réversibilité, c’est-à-dire que ce témoin historique doit rester le plus intègre possible pour pouvoir se prêter à d’autres études », explique Tobias Schenkel, enseignant-chercheur en conservation-restauration.

La Haute Ecole Arc est l’une des deux écoles au monde à traiter de patrimoine horloger à un tel niveau d’expertise. Elle propose entre autres un bachelor en conservation préventive et un master en conservation-restauration d’objets scientifiques, techniques et horlogers.

L’horloge de Henri Golay, identifiée grâce au nom et à l’année d’exécution gravés dans son armature en fer forgé, va désormais pouvoir raconter sa vie au musée du Château de Morges auquel elle va être rendue. S’il est possible de relancer son mouvement, l’opération n’est pas sans risque. C’est donc par une modélisation 3D dans le cadre d’un projet muséographique que les experts, à qui elle a dévoilé ses secrets, pourraient proposer de faire battre à nouveau le cœur de cette pièce monumentale.

 

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Rendez-vous top chrono

Congrès international de chronométrieLes 25 et 26 septembre 2013 à Montreux

Pour sa 16e édition, le congrès organisé par la Société suisse de chronométrie s’attache aux aspects fondamentaux de la montre et du mouvement, autour des thèmes de l’ergonomie, de la fonctionnalité et de l’affichage.

Interventions d’ordre technique et communications scientifiques réuniront de grands noms de l’industrie horlogère et du monde académique pour faire le point sur les dernières innovations et les moyens nécessaires à leur développement. Au programme et à titre d’exemples : la masse oscillante idéale, le quantième perpétuel instantané à guichets, l’étalonnage ab initio, l’utilisation de l’analyse fonctionnelle dans la conception d’un produit horloger, les heures universelles et le magnétisme.

Contact : Begonia Tora – Société suisse de chronométrie – Tél. (0041/0) 32 720 50 79 – www.ssc.ch

Résultats du concours de chronométrie Le 24 octobre 2013 à Besançon

La remise des prix de la troisième édition du concours de chronométrie 2013 aura lieu au musée du Temps à Besançon le 24 octobre prochain.

Les trente-neuf pièces présentées par des marques horlogères ou des écoles font sortir de la confidentialité ce concours organisé en collaboration avec le Contrôle officiel suisse des chronomètres (COSC), l’Observatoire de Besançon et la Haute Ecole Arc Ingénierie sous la haute surveillance du musée d’Horlogerie du Locle.


Contact : François Meyer – Observatoire de Besançon – Tél. (0033/0) 3 81 66 69 27 – www.concourschronometrie.org

Services après-vente – nouvelles exigencesLe 6 novembre 2013 à Neuchâtel

C’est bien de tous les services attachés à la gestion de la relation client dont il est question dans cette 8e journée de recherche appliquée en marketing horloger. Pas seulement la réparation d’une montre, mais toutes les activités mises en œuvre pour fidéliser le client à un produit ou à une marque. Cet événement est organisé par la Haute Ecole de gestion Arc et l’Association des journées internationales du marketing horloger, en collaboration avec l’Association française du marketing et Swissmarketing.

Contact : François Courvoisier – Haute Ecole de gestion Arc – Tél. (0041/0) 32 930 20 40


 

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Contact :


Université de Neuchâtel
Institut d’histoire : Francesco GarufoJohann Boillat Sandrine Girardier – Tél. (0041/0) 32 718 18 98

Institut d’ethnologie : Hervé Munz – (0041/0) 32 718 17 26

Institut de sociologie : Hugues Jeannerat – (0041/0) 32 718 14 15

Faculté des sciences économiques : Nicolas Hanssens – (0041/0) 76 546 21 94

Haute Ecole Arc
HE-Arc Ingénierie : Olivier Duvanel – Tél. (0041/0) 32 930 22 25

HE-Arc Conservation-restauration : Tobias Schenkel – Tél. (0041/0) 32 930 19 34

HE-Arc Gestion : François Courvoisier – Tél. (0041/0) 32 930 20 40

Université de Franche-Comté
Laboratoire ThéMA : Alexandre Moine – Tél. (0033/0) 3 81 66 54 96

OSU-THETA Franche-Comté – Observatoire de Besançon : François MeyerJoël Petetin – Tél. (0033/0) 3 81 66 69 31 / 69 30

ENSMM
Filière Microtechniques : Romain Jamault – Tél. (0033/0) 3 81 40 28 79

Chambre de commerce et d’industrie du Doubs
Laurent SageCatherine Bourdin – Tél. (0033/0) 3 81 25 25 24 / 25 37

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