Université de Franche-Comté

Et si les data centers se mettaient au vert ?

Du filet d’eau du robinet qui coule inutilement aux lampes laissées allumées tout aussi inutilement, notre attention est attirée sur les économies d’énergie qu’il est possible de réaliser au quotidien.
On a sans doute beaucoup moins conscience de la consommation d’énergie que représente le numérique, qui pourtant devrait représenter plus de 20 % de la demande mondiale en électricité dans dix ans.

293 milliards de mails par jour

Aujourd’hui, si internet était un pays, il serait le troisième plus gros consommateur d’électricité, après les USA et la Chine. Envoyer un mail avec une pièce jointe équivaut à allumer une ampoule basse consommation de 24W pendant une heure. Et il ne s’échange pas moins de 293 milliards de mails tous les jours à l’échelle de la planète…
Pour orchestrer le tout, les centres de traitement des données numériques, ou data centers, sont 67 millions répartis à travers le monde ; en 2015, ils consommaient 4 % de l’électricité mondiale. C’est à cet élément essentiel du paysage numérique que le projet DATAZERO s’est intéressé pendant 4 ans, en créant les conditions pour qu’un data center fonctionne de façon autonome uniquement à partir d’énergie renouvelable. Le défi est de réussir à mettre en adéquation les besoins, fluctuants, d’un data center de puissance moyenne (1 MW) et les ressources du solaire et de l’éolien, elles aussi variables. Cette gestion, proche de la négociation permanente, est assurée par une plateforme informatique nourrie d’informations, capable de prendre en compte des incertitudes et de corriger inlassablement le cap, entre approvisionnement, stockage et dépense d’énergie. « L’exploitation de modèles météo sur plusieurs années, par exemple, nous montre les grandes tendances d’évolution des ressources, en fonction des saisons et sous l’influence du bouleversement climatique », explique Jean-Marc Nicod, informaticien et coordinateur du projet à l’Institut FEMTO-ST.

Énergie renouvelable pour data centers autonomes

La simulation se double d’expérimentations réelles, notamment grâce aux équipements de la plateforme Énergie de Belfort, qui dispose de différents moyens de stockage, batteries et hydrogène. Ces travaux permettent d’envisager une gestion plus rationnelle des data centers existants, dont les deux tiers actuellement ne sont là que pour assurer la gestion des pics de consommation, et de trouver le dimensionnement le plus adapté possible pour les suivants, dans une optique de développement durable. Le nombre des data centers devrait en effet encore augmenter pour gérer une demande exponentielle en échange d’informations.
Au terme du projet DATAZERO, financé par l’Agence nationale de la recherche (ANR), la preuve de concept est établie et ne demande qu’à évoluer vers plus de maturité dans l’échelle TRL. Une volonté partagée par l’ensemble des membres du consortium, le laboratoire IRIT à Toulouse, les départements DISC, AS2M et Énergie de l’Institut FEMTO-ST, le FCLab, le laboratoire Laplace de Toulouse, la société Eaton, et qui devrait donner lieu à un nouveau projet.

Contact(s) : Dpt AS2M - Institut FEMTO-ST - UFC / ENSMM / UTBM / CNRS
Jean-Marc Nicod
Tél. : +33 (0)3 81 40 28 11
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