Université de Franche-Comté

« Contester en Espagne »

Crise économique, sociale, politique : l’Espagne paie lourdement les conséquences de la crise mondiale de 2008, qui chez elle s’est conjuguée à de graves déséquilibres internes. La dette publique de l’Espagne s’est vue multipliée par trois entre 2007 et 2013. Entre 2007 et 2011, le nombre de chômeurs a connu une progression fulgurante : de 1,7 million à un record historique de 6,2 millions, soit de 8 % à plus de 27 % de la population active. En 2014, l’estimation du nombre de chômeurs était de 5,6 millions : un quart de la population active, plus de la moitié des jeunes candidats au travail. En 2014 toujours, 33 % des salariés percevaient 645 euros par mois, ou parfois moins que ce salaire, pourtant dit minimum.

Chiffres, analyses, commentaires, Contester en Espagne dresse un bilan noir de la situation de ce pays, mais ouvre aussi des perspectives. La bulle immobilière a précipité les classes populaires dans le dénuement et les ouvriers du bâtiment au chômage. Les risques pris par les banques se sont mués en catastrophes financières, alourdies encore par certains projets locaux démesurés, inutiles et ruineux. De droite comme de gauche, les partis se succédant au pouvoir se montrent incapables d’endiguer la crise, et les politiques d’austérité se révèlent inefficaces à relancer l’économie autant qu’elles appauvrissent un peu plus encore les classes populaires.  Les élites sont fustigées pour des affaires de corruption dignes de la mafia. Détournements de fonds, surfacturations de contrats et réseaux de financement occultes, pour être reconnus, ne font l’objet que de sanctions édulcorées.

La situation conduit à la naissance de grands mouvements sociaux, et bientôt à une « institutionnalisation de l’indignation » en Espagne. Au-delà du bilan, l’ouvrage pose la question du devenir des structures politiques en place, et notamment de la monarchie, ainsi que d’une possible émergence de nouvelles forces politiques. Contester en Espagne est un ouvrage collectif codirigé par Mathieu Petithomme, enseignant-chercheur en science politique à l’université de Franche-Comté, et Alicia Fernandez Garcia, doctorante en civilisation espagnole à l’université de Nanterre.

 

Fernandez Garcia A., Petithomme M., Contester en Espagne, crise démocratique et mouvements sociaux, Demopolis, collection « Quaero », 2016

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