Université de Franche-Comté

À chaque problème sa solution ?… Tout dépend de la façon de présenter les choses…

En s'attaquant à la résolution de problèmes par le cerveau humain, Aurore Dupays, étudiante en thèse de psychologie, met en évidence comment la façon de présenter ces problèmes influence notre capacité à les résoudre. Une étude basée sur l'expérimentation, des conclusions directement applicables aux méthodes d'enseignement et de pédagogie.

 

 

La manière de présenter des problèmes, à savoir les énoncés, les indications, les consignes…, influence directement leur résolution ; tous les observateurs sont unanimes sur ce point. La question étant de comprendre pourquoi. Quel est le cheminement suivi par notre cerveau ? Forte de multiples observations sur le terrain et master de psychologie en poche, Aurore Dupays décide de mener une recherche sur l'apprentissage en lien avec la résolution de problèmes, et d'en faire le sujet de sa thèse.

 

 

Les limites du raisonnement par analogie

Lorsque l'on pose de différentes manières des problèmes sous-tendus cependant par le même raisonnement, le cerveau est moins apte à les résoudre de manière logique (il ne fait pas ou peu le lien entre eux). En revanche, il peut mémoriser chaque problème indépendamment. Pour cela, il doit garder une foule d'informations en mémoire, qu'il pourra réinvoquer dans des situations similaires. Cette démarche, appelée mémorisation d'exemplaire ou raisonnement par analogie, lui permet de résoudre des problèmes identiques, mais lui permet difficilement de s'adapter à de nouveaux problèmes. C'est là toute sa limite, selon Aurore Dupays. Développée dans les années 1970, l'analogie trouve l'une de ses plus célèbres applications dans la fameuse méthode globale pour l'apprentissage de la lecture en classe de CP. Pour la psychologue, ce procédé oblige à mémoriser beaucoup d'éléments à la fois, et exige beaucoup de ressources pour pouvoir être appliqué avec succès. Prenons une situation inverse : des problèmes tous présentés de la même manière. On observe qu'ils sont résolus avec plus de succès, mais que le sujet apprend moins de choses. Ici, le cerveau ne mémorise qu'une seule démarche de résolution. Cependant, cette démarche est schématisée, elle pourra donc être facilement réutilisée. Il paraît alors intéressant d'inciter le cerveau à extraire des connaissances face à des problèmes présentés de manière différente afin qu'il élabore un schéma complet de résolution.

 

 

Augmenter la difficulté pas à pas

Pour cela, un mode de présentation organisée des problèmes suivant leur niveau de difficulté semble attractif. En effet, correctement planifié, l'entraînement permet aux sujets de mieux appréhender des problèmes plus complexes… en intégrant des informations au fur et à mesure. L'individu construit un schéma de résolution simple, puis procède par étapes, intégrant ce schéma afin d'en construire un nouveau, plus compliqué, et d'apprendre à l'utiliser pour résoudre de nouveaux problèmes. C'est ce deuxième postulat que défend Aurore Dupays, dont le travail se rapproche des travaux sur l'abstraction de règles développés depuis les années 1980.

 

 

Une approche expérimentale

Et c'est cette théorie que la jeune psychologue décide de mettre à l'épreuve de l'expérimentation. Le jeu du démineur sera sa base de travail. Pour comprendre comment l'individu résout un problème selon la façon dont il est présenté, il était nécessaire de trouver appui sur une base débarrassée de tout contexte. Connu du plus grand nombre, le démineur fait appel à la seule logique, sans recours à de quelconques connaissances.

 

Le jeu se présente sous la forme d'une grille dans laquelle des mines sont dissimulées, à localiser en un minimum de temps. Il présente une quantité de problèmes logiques, impliquant le recours à différents raisonnements. Des raisonnements isolés en autant de règles dites d'interférences, correspondant chacune à un schéma de résolution de problèmes. Ces résultats couronnent une expérience menée pendant près de deux ans, de l'élaboration d'un logiciel spécifique jusqu'à l'analyse des tests menés auprès de 200 étudiants à Besançon, Dijon et Reims.

 

 

Que ces recherches servent aux outils pédagogiques

Menée sous la direction d'André Didierjean et Roland Schneider au sein de l'école doctorale Langage, espace, temps, société de l'université de Franche-Comté, la thèse d'Aurore Dupays a été présentée au congrès annuel de la Société française de psychologie en septembre 2008 à Bordeaux. Elle poursuivra son développement au laboratoire de Psychologie cognitive de Dijon que la jeune femme a intégré cette rentrée, parallèlement à l'enseignement qu'elle dispense à l'université de Bourgogne. Sans oublier que l'observation de méthodes scolaires, jugées peu adaptées aux enfants lors de ses expériences de psychologue scolaire, conseillère d'orientation ou encore chargée de cours, est à l'origine de son intérêt pour le sujet. En marge de sa recherche, Aurore Dupays reste donc tournée vers les applications pédagogiques que son travail autorise, espère obtenir des contrats auprès de concepteurs de logiciels éducatifs et convaincre les décideurs de la justesse et de l'intérêt de ses travaux.

 

 

 Jeu du démineur

 

 

 

Contact : André DidierjeanRoland Schneider

Laboratoire de Psychologie

Université de Franche-Comté

Tél. (0033/0) 3 81 66 51 98

 

Aurore Dupays

LEAD – pôle AAFE

Université de Bourgogne

Tél. (0033/0) 3 80 39 91 48

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