Université de Franche-Comté

Cadres hospitaliers : un bilan de santé mitigé

Comment se sentent les cadres hospitaliers ? Qu’en est-il pour eux du burn-out dont on parle tant aujourd’hui ? Combinant les notions de santé et de satisfaction au travail, une grande enquête menée par la Haute école Arc Santé pendant deux ans dans les hôpitaux romands dresse un bilan plutôt positif, mais identifie aussi quelques douleurs… à prendre au sérieux.



Couloir d'hôpital

Les cadres hospitaliers vont bien. C’est du moins ce qui ressort de la première partie de l’enquête menée auprès de 942 médecins, infirmiers, techniciens ou administratifs exerçant tous dans un hôpital romand. Peu habitués à ce genre de sollicitations, ils ont répondu à 70 % à un questionnaire pourtant long et dense, exigeant une heure de disponibilité. Un travail de longue haleine également pour ceux qui en ont été les artisans…

Enseignant-chercheur à la Haute école Arc Santé depuis 2000 après avoir cessé toute activité hospitalière, Véronique Haberey-Knuessi, comme requérante principale, a compulsé avec son équipe de recherche près de trois mille pages de documents pour dresser l’état des recherches en Suisse dans ce domaine, comme pour jauger des meilleurs instruments marketing et bâtir son enquête. Une étude soutenue par le Fonds national suisse et attendue avec impatience par les hôpitaux partenaires du projet, entre autres le CHUV de Lausanne et l’hôpital neuchâtelois.

Résultats : légère présence de burn-out, à surveiller

Pas de réel diagnostic de burn-out donc au terme de cette première étape, malgré les semaines de travail surchargées et les situations psychologiquement difficiles à gérer. « Il semble que les individus développent des stratégies qui leur sont propres pour faire face et s’adapter », raconte Véronique Haberey-Knuessi. Des conclusions globalement positives…

Le « mais » amorce sa contre-offensive dans la seconde partie de l’étude, une série d’entretiens de groupes comptant chacun une dizaine de personnes, visiblement satisfaites de trouver là un espace pour s’exprimer et confronter les points de vue. L’approche qualitative nuance les jugements et témoigne d’une situation finalement assez fragile. « On sent la corde se tendre. La situation est encore bonne, mais les gens arrivent à la limite de ce qu’ils peuvent supporter en termes de stress. » La charge de travail, même importante, s’avère ici bien moins déterminante que la satisfaction au travail. C’est le manque de reconnaissance, lié à de nouvelles formes de management, qui est pointé du doigt. Plus que la taille des structures, la configuration des services et la gestion d’ensemble, pilotée par une direction et des ressources humaines parfois géographiquement éloignées de plusieurs kilomètres des lieux de travail, sont responsables d’un environnement plus anonyme dans lequel les cadres ne se sentent plus toujours valorisés.

La nouvelle organisation de l’hôpital a généré des strates hiérarchiques supplémentaires, ressenties comme autant de freins à son fonctionnement, et où, en définitive, personne ne se sent plus vraiment responsable. Les procédures administratives apparaissent plus lourdes et chronophages, autant de disponibilité en moins pour les patients.

L’individu ne reconnaît plus toujours les valeurs de l’institution comme étant siennes, et la notion de rentabilité, qui a désormais cours dans les établissements, contrarie les principes altruistes de son engagement.

Pour Véronique Haberey-Knuessi, « l’institution doit réagir et ne pas négliger, sous une apparente bonne santé, les signes d’une situation qui peu à peu se détériore. » Le lien doit l’emporter sur l’esprit de compétition, et les termes satisfaction et reconnaissance être prescrits sans modération.

Contact : Véronique Haberey-Knuessi
Haute école Arc Santé
Tél. (0041/0) 32 930 12 24

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