Université de Franche-Comté

BTP : attention à bien se protéger du bruit

Bourdonnements, acouphènes, surdités irréver­sibles, troubles des systèmes nerveux, digestif ou cardio-vasculaire…, le bruit est pointé du doigt dans de nombreuses pathologies, au-delà des seules répercussions auditives. Dans sa thèse rédigée pour l’obtention de son diplôme de docteur en médecine à l’université de Franche-Comté, Thomas Plantin s’est intéressé à un public particulièrement concerné par le phénomène, les travailleurs du secteur du bâtiment et des travaux publics. Il a mené l’enquête sur l’ensemble du territoire comtois, recueillant des données auprès de 453 salariés issus de 241 entreprises dif­férentes.

« La mé­connaissance des risques liés au bruit est réelle, et cela quelle que soit la durée de l’expérience professionnelle des répondants. »

Pourtant l’étude montre que l’état de santé de ces travailleurs est impacté sur le plan auditif dès les premières années d’exposition, d’autant qu’il s’ajoute souvent des sources de bruit liées à la pratique de loisirs chez les plus jeunes. Thomas Plantin montre par ailleurs comment l’exposition à des produits chimiques, la prise de certains médicaments ou de tabac ont une incidence sur la perte d’audition, ces facteurs se montrant notamment responsables de la perte de cellules ciliées, chargées de la transmission et de l’amplification du son.

Les professionnels les plus soumis au bruit sont les menuisiers et les conducteurs d’engins, mais pour tous, le jeune docteur recommande des temps de récupération à moins de 70 dB(A) d’autant plus longs que l’exposition au bruit est importante en durée. Dans le monde de la construction, 50 % des salariés travaillent dans un environnement sonore de plus de 85 dB(A). Cela correspond à peu près au bruit émis par un chariot élévateur, une scie circulaire accusant 93 dB(A), un bulldozer ou une visseuse électrique avoisinant 100 dB(A), un coup de marteau 120 dB(A), marquant le seuil au-delà duquel toute exposition, même très courte, endommage l’oreille interne.

ouvrier du BTP

La seule solution efficace pour éviter les pertes au­ditives reste la prévention primaire : réduire sinon supprimer les sources sonores bruyantes. Cepen­dant, les mesures individuelles apparaissent raisonnablement les plus simples à mettre en place, comme le port de casques ou de bouchons d’oreilles au-delà d’une exposition moyenne de 85 dB(A) sur une journée de travail de huit heures, une obligation pas toujours respectée. Et l’information, tant de la part des employeurs que des services de santé, doit être améliorée et jouer sur des ressorts différents pour mieux toucher sa cible. Dans ses recommandations, Thomas Plantin insiste sur l’im­por­tance de mettre l’accent sur la dangerosité des expositions de courte durée comme de l’environnement, en particulier le bruit émis par les autres travailleurs, et enfin sur l’impact supplémentaire occasionné par les loisirs à risque.

Contact :
Thomas Plantin

 

 

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